En prélude de la cérémonie d’ouverture, prévue aujourd’hui, à Rabat, le Forum international Avenir Territoires (Fiaterr 2024) a offert à ses participants (élus locaux et cadres territoriaux) une session de formation sur le financement des projets de développement territorial. Elle s’est tenue, hier, à l’Université internationale de Rabat.
De notre envoyé spécial El hadji Ibrahima THIAM
RABAT- Mise à niveau avant le partage d’expériences. C’est tout le sens de l’organisation d’une formation dédiée aux élus locaux et cadres territoriaux portant sur le financement des projets de développement territorial en prélude de la deuxième édition du Forum international Avenir Territoires (Fiaterr) dont la cérémonie d’ouverture est prévue aujourd’hui, mardi, à Rabat. Un des deux animateurs de cette session, Dr Hassan El Arafi de l’Université Mohamed V, lui, préfère parler d’une « session de sensibilisation » sur certaines questions saillantes relatives au problématique du financement des projets de développement territorial afin d’avoir des réflexions plus approfondies lors des travaux du Forum proprement dit. En effet, la question du financement du développement territorial au niveau des différentes échelles de la décentralisation constitue un enjeu majeur dans un contexte où les collectivités territoriales peinent à satisfaire les besoins de financement de leurs projets, notamment les plus structurants (infrastructures de transports, de complexes industriels, de projets énergétiques…). D’où donc, aux yeux du Dr El Arafi, l’importance de dégager de nouvelles marges de manœuvre en la matière. « Dans cette perspective, cette session de formation a comme objectif de sensibiliser les participants sur les problématiques inhérentes au financement du développement et, par-là, les aider à s’ouvrir sur d’autres pistes innovantes susceptibles d’optimiser leurs solutions de financement », a-t-il dit. Dans son intervention, il s’est appesanti sur la maîtrise de l’articulation entre le cycle de planification et le cycle de budgétisation, la combinaison et l’arbitrage entre les différentes formules de financement accessibles aussi bien classiques qu’innovantes, la formulation d’une stratégie opérationnelle d’accès au financement (fundraising).
Sans budget, la stratégie n’est rien
L’un des messages forts que le Dr El Arafi a déclinés à l’endroit des élus locaux et cadres territoriaux, c’est de toujours caler les projets sur la base du budget disponible. Autrement dit, ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre. « Le budget doit pouvoir supporter la stratégie. À défaut, il n’y a que deux options : revoir toute la stratégie ou aller chercher les moyens », a-t-il souligné. Cela dit, il a rappelé que l’endettement, qui semble effrayer certains élus locaux, n’est pas mal en soi, ce qui l’est, c’est l’incapacité d’avoir les moyens de rembourser la dette. « Le financement est la clé de voûte de toute initiative de développement. Or, sans argent, on ne peut rien faire. La solution, parfois, c’est l’endettement, mais il faut d’abord s’assurer qu’on peut le rembourser », a-t-il dit.
Auparavant, Mbarka Bouaida, Présidente de l’Association des régions du Maroc, s’est félicitée de cette formation qu’elle considère comme un « avant-goût pour approfondir la réflexion collective sur la question du financement du développement territorial dans le cadre des ateliers du Forum ». Elle est persuadée que les axes qui ont été développés pourront structurer les débats autour de la thématique du Forum. Dans ce même ordre d’idées, Aliou Sall, Fondateur de ce Forum et administrateur général d’Emia, co-organisateur de cet événement, s’est félicité de la pertinence de cette session de formation qui préfigure, selon lui, des échanges fructueux. « La tenue de ce Forum tient compte du fait de la grande expérience du Royaume du Maroc en matière de décentralisation et des efforts inestimables des autorités marocaines en faveur du financement des projets territoriaux. Cette session est un échange d’expertise avant les échanges d’expériences prévus ce mardi », a-t-il dit.
Des présidents d’associations de régions ou de départements de l’espace Uemoa ou leurs représentants prennent part à la deuxième édition du Fiaterr. Y participent également les Secrétaires exécutifs de ces associations, les Caisses de dépôts et Consignations du Maroc, du Bénin, de la Côte-d’Ivoire, du Sénégal et de la Mauritanie ; mais aussi d’autres organismes comme la Direction des Collectivités locales du Mali et du Sénégal, le Centre de la fonction publique locale du Sénégal, le Fongip, le Puma…
Ce préalable pour décrocher un financement
La nécessité de s’ouvrir sur les bonnes pratiques en matière de montage de projets et la connaissance des points de vigilance et facteurs de succès d’un financement intelligent a été le cœur de la communication du deuxième formateur, Cheikh Tidiane Sène, Expert certifié en Partenariat public-privé (Ppp). Il a insisté sur l’importance de s’inspirer de ce qui se fait de mieux en matière de montage d’un projet. Pour lui, cette phase est la plus cruciale. Si on la rate, on réduit ses chances de décrocher des financements. En matière de bonnes pratiques, il a donné l’exemple du mécanisme créé par le Programme de développement des infrastructures en Afrique (Pida) appelé Pida Quality Label. « Avant de penser financement, il faut s’assurer que notre projet est bon. Pour ce faire, le temps de la préparation du projet est important. Il y a le stade précoce et le stade avancé. Le stade précoce est la phase la plus sensible, la plus compliquée, donc elle requiert plus de précaution », a-t-il indiqué. Selon lui, le stade précoce réussi, le projet sera un bon candidat pour avoir un financement.
Source : https://lesoleil.sn/formation-sur-le-financement-d...